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Emilie Renard
Directrice de La Galerie
Centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec
Presents
Constance Sorel
« Machine à sous. À un bureau de change, j’échange de l’argent jusqu’à ce que les différents taux de change avalent la totalité de ma somme de départ. » Voilà un des énoncés du recueil que Constance Sorel a composé à l’occasion de son diplôme aux Beaux-arts de Cergy, en juin dernier et qu’elle a intitulé « PROGRAMME ». Ce petit cahier autoédité réunit une trentaine de textes sans aucune mention – ni de date, ni de lieu – ni illustration. Retour dans son dossier où elle précise : « Programme qui regroupe les textes-protocoles de mes projets. 2016 ». L’usage de ce mot double « textes-protocoles » lui permet de ne pas avoir à préciser s’ils décrivent des actions réelles, imaginaires ou des partitions à interpréter. Par contraste avec cette forme d’indétermination résolue, les majuscules du PROGRAMME sont importantes : elles contribuent à faire d’une suite de pièces écrites à ce jour, pendant l’école, un projet pour l’avenir ou au moins un élément de transition vers sa vie d’artiste, ou mieux, la promesse d’une continuité. Constance Sorel répartit son travail en deux parties inégales : l’écriture de « textes-protocoles » – factuelle, économe – puis l’action qui les interprète et dont témoignent photographies, dessins ou objets. Ces sortes de preuves approximatives et éphémères ne correspondent jamais tout à fait aux énoncés initiaux. Car il s’agit souvent de créer des creux, de réduire à zéro, de faire une place au vide, de générer de l’absence et finalement de montrer des manques sans les remplir. Qu’il s’agisse de perte d’amour, d’argent ou d’information, les événements s’enchaînent et se manifestent du côté de leurs effets secondaires, de leurs reflets, de leurs traces, de leur plus faible intensité, sur un plan horizontal, sans mélancolie. Son travail oscille ainsi entre faits et fictions, entre actions et croyances. Elle semble décidée à ne pas choisir, à ne pas reproduire des alternatives là où elle n’en voit pas. Pour elle, l’écart entre ce qui a eu lieu et ce qui aurait pu avoir lieu est infime, et c’est là qu’elle se tient, à la fois invisible à l’œil nu et bien présente.
Constance Sorel
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