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Timothée Chaillou
Commissaire d'exposition, critique d'art, historien de l'art,
Presents
Rémi Groussin
Un maquillage couvre, d’un masque d’accidenté, le visage de Rémi Groussin parcourant les salles du musée d’Art moderne de Düsseldorf (Wercked, 2012). Ces fausses blessures, ce sang coagulé factice sur une mine impassible, rend tragique une visite à travers l’art. De quel choc, de quelle meurtrissure, cette performance est-elle le nom ? L’écho d’une autre forme de violence, d’un effroi, se fait entendre dans un amoncèlement de table de lanceurs de couteaux (Dr Rossiter, 2015). Nous imaginons des corps, contraints, attachés, aux yeux pleurant d’épouvante, retenant leurs souffles et priant que les lames n’atteignent leurs cœurs. Pourtant ces tables sont remisées, adossées au mur, pêle-mêle, inutilisées, ainsi inoffensives. Malgré tout, si la mort s’en suivait, des stèles sont là pour honorer ces âmes (R.I.P.), dans la sobriété décorative de leur matériau de construction, des parpaings. Nous étions pourtant prévenus : « Ne regardez surtout pas en bas vous allez avoir peur ». Mais aussi, « – oh ! – oh ! », « Hypnotic Dance, Fred Astaire and Ginger Roger », « – on tourne dans 5 mn ! », « Paris, 2055 Two Days After ». Des phrases, des interjections, inscrites sur un ensemble de plaques de verres parfois teintées, souvent accidentées (Vost, 2015). Des accidents, toujours. Comme dans ces détériorations de pellicules de film (Exorde, 2013) : des rayures, des accros, des écorchures, sont projetés, rendant compte des traumatismes de son matériau. Vient ensuite la mélancolie, celle des zoos vides où un certain « état naturel » et un « enrichissement animalier » sont laissés à l’abandon de toutes vies animales et humaines. Tandis qu’une pluie artificielle, lacrymale, perle ces images, triste d’un tel constat. Il n’y a pas non plus de singes acrobates dans cet environnement zoologique (ALZ-112, 2015) –fait d’objets de récupération ayant un fort impact écologique – qui devrait servir d’espace de jeu etd’éducation pour ces animaux en captivité. Ainsi, parcourant cette installation, intégrée à celle-ci, « la distance entre le singe et l’homme n’était pas plus grande que celle qui séparait l’homme de l’acteur » (Walter Benjamin).
Rémi Groussin
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