Si nous pensions le langage comme excès, le silence serait cet espace où advient le sens. Mise en silence est une performance collective et polylingue écrite par l’artiste et une trentaine d’adolescents allophones arrivés depuis peu en France. Munis de portevoix, ils se proposent de jouer avec les étendues de propagation du son au sein du Centre Pompidou, de composer un nouvel espace d’échange – dilaté – par voie acoustique a n d’y révéler la puissance du silence.
Dans ses installations sonores – micro-architectures, textes et récemment vidéos – Lauren Tortil traite de la question du son, du processus d’écoute et de leur relation au pouvoir. Intéressée par des faits et phénomènes contemporains liés à la surveillance de masse, Tortil plonge dans les zones d’ombres de l’Histoire pour mener une enquête sur ce qu’elle nomme les « Grandes Oreilles» de nos gouvernements. Soit une généalogie non-exhaustive sur les dispositifs – système, architecture, appareil, instrument ou encore outil – dont le but est d’augmenter la capacité de l’oreille humaine, de combler les limites de sa performance, à des fins défensives.
Le résultat de cette recherche prend forme autant par des objets imprimés, des présentations publiques, que par le travail artistique lui-même, qui n’est jamais une simple illustration mais une situation complexe, expérimentale qui convoque le son, l’architecture et la présence du spectateur dans une dynamique de « l’ici et maintenant ».