Tôt le matin, nous prenons le premier téléphérique, dans le brouillard, nous regardons les autres arriver et repartir. Les espaces s’échangent, disparaissent, se floutent, s’inversent. Quelque chose nous paraît irréel, la situation est comme inexacte, décalée, rêvée. Lentement arrivent et partent les cabines. Le mouvement est lent, répétitif.
C'est avec une apparente légèreté que nous construisons une image posant un filtre délicat sur notre proximité.
La scène est fragile, prête à basculer au moindre mouvement trop brusque des nuages, à la moindre apparition de la lumière, au moindre décalage.
C'est à l'instar du « jour blanc », comme on le dit en montagne, un jour de brouillard et de neige, un jour où l'on peine à distinguer le sol du ciel, un jour où chaque forme ne sont que des silhouettes, des à-peu-près que nous construisons ces images. Notre « jour est bleu » il est fictionnel, annonciateur de récit.
Création sonore en collaboration avec Pierre Joseff
Nées en en 1986 et 1992, Charlotte et Ludivine sont diplômées de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon en 2016. Elles vivent et travaillent entre Paris et Genève.
Elles ont notamment eu l’occasion de présenter leur travail à Topic (Genève), à la galerie Valérie Delaunay (Paris) et bientôt à la MAPRA (Lyon) et à la biennale de la jeune création (Mulhouse).
C’est lors de leur résidence dans les ateliers Picto (Genève) qu’elles entament des projets pluridisciplinaires alliant vidéo, performance et création sonore.
Par des environnements assourdis, elles proposent des atmosphères sombres et froides et poétiques, où les corps sont des marionnettes désarticulées, érotiques et presque mortes et où une perte de vitalité s’exprime par des éléments qui se dégradent et pourrissent. Les artistes proposent des installations dans l’espace où leurs lieux et leurs personnages s’incarnent. Elles intègrent les spectateurs au centre de l’œuvre, jouant de points de vue englobants.